Une jolie Bd qui nous fait découvrir l’imaginaire d’Anaïs Nin. Une Bd tendre et poétique, un bon remède en ces temps mortifères.
Léonie Bischoff dépeint la personnalité et la vie d’une des personnalités les plus fascinantes et ambivalentes du XXe siècle.
Femme à la réputation sulfureuse, Anaïs Nin (1903-1977) reste surtout connue auprès du grand public pour ses nouvelles érotiques comme celles compilées dans le recueil best-seller, Venus Erotica. Elle a pourtant écrit des romans, des poèmes et un journal qui détaille, au fil des décennies et sur des milliers de pages, ses expériences, ses relations intimes et son rapport à l’écriture.
Au fil de sa vie, Anaïs s’invente des personnages qui s’adaptent en fonction de ses relations. Elle se taille les costumes de l’épouse modèle et de la maîtresse sur mesure pour chaque amant. « Les mensonges sont ma liberté », écrit-elle. Dans ce Journal où elle confie ses secrets, ce refuge où elle met à l’épreuve sa sincérité, où elle fouille au cœur de son intimité pour révéler tous les aspects de sa personnalité, elle revendique surtout le droit aux mensonges, au nom de la liberté de créer, pour faire de sa vie une œuvre d’art.
« Pour Anaïs, le mensonge lui permet de vivre les multiples vies qu’elle a envie de vivre en même temps. Mais en cherchant cette liberté, elle se crée aussi énormément de contraintes avec une logistique infernale pour arriver à ne pas se trahir elle-même. Elle s’enferme dans ses rôles, même dans son journal où elle se veut sincère, elle s’habille de fioritures, elle embellit, elle romance. Elle réécrit ainsi certains passages, reformule, bricole, joue avec la chronologie des événements et multiplie les versions en fonction des interlocuteurs. Elle ne se laisse jamais aller au naturel. »
« Pour Anaïs, le mensonge lui permet de vivre les multiples vies qu’elle a envie de vivre en même temps. Mais en cherchant cette liberté, elle se crée aussi énormément de contraintes avec une logistique infernale pour arriver à ne pas se trahir elle-même. Elle s’enferme dans ses rôles, même dans son journal où elle se veut sincère, elle s’habille de fioritures, elle embellit, elle romance. Elle réécrit ainsi certains passages, reformule, bricole, joue avec la chronologie des événements et multiplie les versions en fonction des interlocuteurs. Elle ne se laisse jamais aller au naturel. »
« Cette manière de procéder m’a aussi donné une légitimité pour interpréter ses écrits », explique L’autrice. À la fin de sa vie, Nin conservait même des fiches pour ne pas se perdre dans tous ses personnages. Les secrets emprisonnent. Le Journal devient son « vice ». Elle y revient sans cesse pour donner sa version, décrire ses relations aux autres.
« S’il est difficile de naviguer sur la mer des mensonges, je garde l’image positive d’une Anaïs qui parvient à manœuvrer son bateau et à gonfler ses voiles. C’est pourquoi l’album se termine sur l’espoir d’un nouveau départ. » Léonie Bischoff